Jean de Witt était un total inconnu pour moi, jusqu’à ces dix dernières minutes. Je lisais un article sur la vie et l’oeuvre de Spinoza quand son nom est apparu avec un paragraphe expliquant qu’il était »en amitié » avec lui contre la maison orange (nom de famille d’une famille importante en Hollande dont un des membres était marié avec Marie Henriette Stuart). Jusque là rien d’intéressant, rien de nouveau, les familles riches ont dirigé la vie politique durant très longtemps directement et continue de le faire indirectement, de nos jours.
Mon sentiment (colère?, tristesse?, ennuie?, exaspération?) encore non identifié arrive au moment où je lis la petite biographie de Jean de Witt. Alors qu’il fut renvoyé de son poste de grand-pensionnaire, (la famille orange à qui il était opposé a vu le vent changer de direction et est devenue populaire au détriment des frères Witt) son frère fut envoyé en prison. Un jour qu’il allait le visiter la foule qui jusque là l’aimait et détestait la famille Orange décide de tout bonnement le tuer dans la rue.
Mais pauvre homme.
Mise en situation:
Witt se lève un matin et se sent un peu étourdie, il a mal dormi et aimerait bien passer la journée à bouquiner chez lui tranquille et envoyer des lettres par pigeons voyageurs à ses amis. Aussi, il voudrait bien disputer une partie d’échecs avec son frère, manque de bol ce dernier est en prison. Rassemblant tout son courage Witt décide de s’habiller et d’aller voir son frère pour jouer aux échecs et lui raconter sa mauvaise nuit. Ensuite, regonfler par l’amour de son frère et son écoute, il est certain de se sentir mieux et il pourra retourner chez lui pour lire. Avant de partir, il demande à sa gouvernante de lui préparer du thé et du pain griller pour son retour vers onze heures. Dans la rue, il décide de passer chez le pâtissier pour prendre des douceurs pour l’autre Witt. Malheureusement pour lui, c’est là qu’une petite foule d’agitateur décide de le tuer.
Pauvre Witt. Lui qui recherchait du réconfort auprès de son frère vient de mourir dans d’atroces souffrances et sa gouvernante, ne voyant pas monsieur arriver à onze heures, reste seule avec son goûter dans les mains jusqu’à ce qu’elle entende la rumeur que son maître était mort, tué par des gens dans la rue.
Vous croirez probablement que soit a) j’ai trop d’imagination ou b) je suis trop sensible, mais si tous les gens qui se levaient le matin avec une envie de tuer se faisaient ce genre de scénario, il y aurait beaucoup moins de violence.